T O U S D E S A N G E S

Privilège de l’âge

S’il y a bien un privilège dont les années nous font don, c’est la désinvolture. Prendre les choses avec un peu plus de recul, de distance. Se moquer de ce que les autres pourraient dire ou penser.

Ne rêvons pas, le p’tit con de vingt ans est passé par là. Sa fausse assurance, ses sourires anxieux et sa démarche maladroite nous ont tous heurté de plein fouet lorsque notre peau était douce comme celle d’un bébé et notre cerveau affamé d’aventure et de découvertes. Et tous ces travers nous ont grandit, nous ont permis de devenir celle et celui que nous sommes.

Comme il est agréable d’avancer dans la vie avec un peu plus de légèreté, l’expérience aidant et les actes nous confirmant.

Devient-on cette belle fleur ne redoutant ni les orages, ni les insectes alentours ou alors n’est-ce qu’une illusion ? Le processus est-il naturel ou peut-on y contribuer pour l’accélérer ?

Ma fois, il est de nos pairs qui n’arriveront jamais ou que difficilement à maitriser ces différents processus.

Je ne peux prétendre savoir quoi que ce soit et encore moins l’inculquer aux autres mais je suis certain d’une seule chose : c’est que si nous savons faire place à l’autodérision, nous gagnerons en flexibilité psychique. Le bien-être qu’il saura nous procurer pourra se vanter de nous guérir, voir, de nous sauver pour les situations les plus désespérées. Epouser cette insolente est la meilleure des thérapies que l’on puisse espérer et l’âge, défilant, ne pourra que consolider ces dires et nous permettre d’affronter les éléments sans trop en ressentir les effets.

Les rides ne seront alors qu’un moyen de plus de se moquer d’une singularité que bien des pirates nous auraient envié.

N’ayons donc pas peur d’avancer, même à grand pas, même dans la nuit, car flanqué de notre humour et de notre esprit, il est fort à parier, que le temps qui passe, nous assène avant le coup fatal, l’assurance, d’avoir embrassé, nos deux bras déployés, tout le sens et les bienfaits du mot vie.