PRINTEMPS
Printemps
Le voilà donc, celui qu’on attend. Qui nous a affriolé par quelques apparitions ici et là, entre deux rayons de soleil plus chaud que d’habitude. Faisant un pied de nez à l’hiver par ses incursions fort agréables, disons-le.
Enfin se montre-t-il à nos sens en effervescence, même si ça reste timidement peu importe. Le tout étant les espoirs qu’on place en cette arrivée tant espérée.
N’ayant peur de rien sauf peut-être des comparaisons, je dois bien avouer tout de même, que vous êtes, cher printemps, une sorte de donneur de vie voir, de créateur. A votre façon. Selon vos règles et tant pis s’il y a des sceptiques. Il y en aura toujours de toute façon, de ces gens ne voyant toujours que le verre vide…
Pour ma part, et peut-être est-ce là mon pan de naïveté dont je ne voudrais me départir pour rien au monde, je vois plutôt le verre plein. Et votre arrivée en est un et pas des moindres.
Lorsque vous déboulez avec vos grands souliers de sphaigne, et que dans un élan de pure folie, vous commencez à peindre nos paysages en vert tendre, je ne peux qu’être subjugué et conquis par vos prouesses dignes d’un magicien. Les odeurs s’accordent à ce festival et met en appétit tous nos sens. L’énergie qui en découle pourra bientôt couler dans nos veines telle la sève dans les arbres, cette bienfaitrice et réparatrice, cette enjoliveuse et cette folle alliée.
Après un hiver rude, après que les mentaux de neiges nous aient confinés dans un monde ouatiné et sans bruit, voilà que les oiseaux annoncent avec fracas l’arrivé de Sieur Printemps, lançant ses couleurs ici et là, armant des plus belles fleurs les plantes même les moins recommandées. Faisant éclore les boutons des cerisiers, laissant présager de beaux fruits gorgés de soleil et l’ivresse d’un parfum unique que nous attendons impatiemment.
Mais il se peut que ce monde du merveilleux, du renouveau et du vert pomme, de renaissance et d’exubérance légué en des jets de pure folie, soit brusqué par un hiver jamais loin, toujours prêt à reprendre ses droits. Et ce, même si nous n’en voulons plus.
Qu’à cela ne tienne, vous êtes imperméable à ces assauts désespérés d’une saison mourante. Vous êtes de marbre ou plutôt de mousse, tout en bourgeon et fleuri d’un avenir prometteur et coloré, mais pour ce qui est des couleurs chatoyantes, vous n’égalerez jamais l’automne et vous le savez bien… Et peut-être est-ce pour cela que vous êtes si pressé, que dès qu’un rayon de soleil chatouille la moindre plante vous y mettez votre grain de sel.
Mais attention, à vouloir égaler l’automne vous pourriez y laisser des feuilles, quelques fleurs et bien plus encore… pensez aux insectes qui se gavent de tous ces bienfaits… mais j’arrête ici mes remontrances.
Je vais par ce petit manifeste souligner que votre arrivé, et non pas par vos frasques mais bel et bien votre magie qui disons-le, nous plonge dans un monde que nous aurons toutes les peines à quitter, même pour le plus bel été. Même pour l’été Indien le plus flamboyant.
Bienvenue donc à vous, Printemps pétri de magie à moins que ce ne soit ici un don, un prodige dont personne jamais, n’élucidera l’essence et la source. Restez mystérieux, audacieux et onirique à notre esprit, car tout autour de vous et aussi loin que nos souvenirs pourront nous ramener dans notre passé, se marient fées et lutins volant et gambadant dans des forêts enchantées.
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