Peur de tout, surtout de soi-même...

Peur

J’ai peur du vide, de l’eau et du grand air. Peur des gens : pervers, égocentriques, gays, islamistes, homophobes, agoraphobes, claustrophobes, néonazis, intégristes, religieux, athées, artistes, ouvriers, patrons et putains de tous acabits.

Peur de l’amour, de la solitude, des sentiments et des émotions.

Peur du temps qui passe, des jeunes, des vieux, des mômes.

Peur des projets, des autres cultures, des autres citoyens du monde. Des malades, des cancéreux, des cabossés. Peur des enragés, des révoltés et des anarchistes. Peur des passifs comme des hyperactifs. Des débridés comme des coincés. Peur des arbres, de la lumière et de la nuit. Des ouragans et du calme plat. Peur des forts comme des faibles, des déterminés comme des hésitants. Des aventuriers comme des pantouflards. Peur de la vie en général et de ses aléas. Du malheur comme du bonheur…

Mais le plus gros précipice me tétanisant depuis tant d’années, c’est celui me conduisant à moi. Ce moi que j’ai évité toutes ces années, que je n’ose observer et affronter.

Ce gouffre-là est béant, et tant que je n’en aurai pas scruté tous les interstices, bosses et méandres, j’aurai peur du vide. Car il n’y a pas plus vertigineux comme entreprise de toute une vie que d’apprendre à se connaître soi-même. Pas plus flippant et enrichissant, car notre être est sans le moindre doute, le voyage le plus extraordinaire et le plus complexe que nous ne ferons jamais sur cette Terre.

À nous de l’apprivoiser et de l’émanciper pour que toutes ces craintes et ces peurs viscérales, deviennent des entailles dont naitront nos souvenirs mémorables ou déplorables, mais nous permettant d’affronter et d'apprivoiser le monde et d’aiguiser notre soif de vie.