Le Voyage Improbable d'Edouard Leboeuf
D'un jet, ce livre s'est écrit avec jouissance et plaisir extrême. Maniant je l'espère l'humour tambour battant, cette aventure plongeant entre réalité et questionnements l'acteur principal de ce roman, sera je l'espère aussi délicieux à lire que j'ai eu à l'écrire.
Extrait :
De : Pourtousceuxquivoudrontbienlirececi
20 janvier, 17h36
Analyses très en deçà des espérances du professeur tournesol me servant de sauveur. Et dire que mon avenir est entre ses mains. Ses petites lunettes lui confèrent un air de comptable près de ses sous. Un air de Picsou sans le sou, tant il est mal fagoté. Lorsque je regarde ses doigts me tâter, je me dis que la vie est quand-même mal faite. Que ce vieux schnock est sûrement marié à son métier et vieux garçon depuis la nuit des temps, tandis que je me démène pour garder ma Jeanine à la maison.
Je sais que je ne devrais pas trop me focaliser sur ça mais c’est tout ce qui me reste.
Tu m’as tout pris, saleté de tumeur ! Tout.
Il m’a regardé par dessus ses lorgnettes rondes, à soupiré devant mon dossier en dodelinant comme une pintade avant de se faire trancher la glotte. Pauvre de moi, me dis-je en cet instant ou je me sentis bien seul au monde. Un grand silence pour accuser le coup. Un de ces instant ou l’on oscille au bord de la falaise, le souffle coupé.
Aucune réponse à la centaine de texto envoyés à mon fils. Ce petit con est plus intéressé à fourrer des macarons jaunes qu’à suivre l’agonie de son père en direct. Quel petit salaud, il m’a bien laissé tombé, celui-là. Celui pour qui j’avais une admiration sans borne. Je croyais notre complicité indéfectible. Et voilà que le péril jaune nous est tombé dessus comme une bombe atomique. Xia-He, c’est mon Hiroshima à moi. Mon tsunami. Ma faille de San Andréa. Ma muraille de Chine. Celle qui m’a volé mon fils, ma chair, celui en qui j’avais le plus confiance sur cette terre. J’aurais dû me méfier, déjà petit Max avait la fâcheuse manie de brider tous ses petits camarades de bac à sable. Tant et si bien que nous avons dû l’emmener chez le psy. Résultat des courses : je suis ressorti avec une névrose et un problème d’enfance à résoudre ; ma femme, une bipolarité sous-jacente dont elle ne s’est jamais remise. Finalement j’ai opté pour du concret. J’ai emmené Max chaque vendredi chez le chinois du quartier, histoire de s’envoyer quelques nems aux légumes. Ça l’a immédiatement guéri. Il a fait copain copain avec le petit dragon du patron qui avait la fâcheuse tendance à jouer avec les couteaux du chef, et plus jamais mon fiston ne tenta de brider un seul blanc à la ronde. Si avec ça il ne finissait pas avec une niak…je pouvais me pendre au radiateur.
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