T O U S D E S A N G E S

GUERRE AUX GÈNES

 La Revanche

En quelques mois, les progrès de Richard furent spectaculaires. Tellement fulgurants, qu’il put se présenter à un concours de monsieur muscles à peine une année après le premier coup de rame donné, et gagner le trophée tant convoité par tous ces jaloux l’espionnant en catimini entre deux cuillerées de protéines et trois levées de poids.

Envieux, fulminants et rageurs à l’idée que cet apollon se garde tout le gâteau pour lui, il y en avait plus d’un dans ce club à gros bras qui auraient été prêts à tuer pour avoir ce corps de rêve.  Mais jamais personne n’osa lever une main sur Richard, pas même élaborer une critique ou une remarque, son charismatique sourire emportant tout sur son passage et le renvoyant, lui, en un éclair à la case départ : devant son miroir et le reflet de ce père dont il faisait tant et tant pour ne plus lui ressembler.

Pourtant, monsieur Goldstein avait disparu de sa vie depuis quelques années déjà, s’enfuyant la queue entre les jambes comme un voleur, devant l’amas de ses dettes qu’il espérait bien faire gommer en s’éclipsant.

Alcoolique inconditionnel, son père céda au chant éthylique des sirènes, pour le plus grand bonheur de Richard, voyant ce départ comme une délivrance et le moyen le plus sûr de guérir enfin. La distance géographique, et qui plus est le simple fait de ne plus le croiser à tout moment, n’était pas rien. Cela était même une aubaine qu’il n’aurait reniée pour rien au monde.

Mais c’était sans compter sur le génie du génome et son talent à nous faire sentir coupable d’un ancêtre, même d’un très vieil ascendant sans pour autant l’avoir en mémoire ou en connaître l’existence même…