LA GUERRE AUX GENES
LA GUERRE AUX GENES
VOICI UN PETIT ROMAN QUE JE COMPTE PUBLIER MOI-MÊME S'IL NE TROUVE EDITEUR à SES PAGES, CAR JE CROIS ENORMEMENT EN CE TEXTE INCISIF.
LE SUJET Y EST GRINCANT ET L'HUMOUR QUE J'Y AI INSUFFLEE EST JE L'ESPERE, UN PUR DIVERTISSEMENT.
EXTRAIT :
Cela nous est tous arrivé. Un jour, on réalise que l’on a les mêmes yeux, le même nez ou les mêmes jambes que nos géniteurs. Les mêmes tics et tocs, les mêmes impulsions. Le même sourire, la même voix. Le même air perdu et désemparé lorsque les sentiments nous alpaguent. La semblable tendance à fuir devant les conflits. La démarche analogue, l’humour aussi cinglant et cynique, voire plus. Les pareils sauts d’humeur. Le même teint rougeaud, lorsque la colère gronde. Identiquement désarçonnés face aux petits bonheurs et aux éclats… Et la liste pourrait encore être longue…
Découverte joyeuse ou un peu moins heureuse, cela ne nous laissera jamais indifférents quoi que l’on fasse et quoi que l’on dise.
Une tare pour certains, une fierté pour d’autres. Une aubaine pour les chanceux tandis que les moins fortunés appréhendent l’aboutissement de leur croissance qu’ils ne voient pas se développer d’un très bon œil.
Oui, le pouvoir des gènes est immense et sans concession aucune. Cinglant et tranchant. Un couperet infaillible, blessant, désarmant, pouvant rendre fou les plus sensibles au reflet et écorcher les êtres les plus modérés.
Il ne nous laisse aucune chance, aucun répit, et ce, où que l’on soit et où que l’on aille. La distance géographique, ici, n’étant jamais qu’une trêve permettant de vivre quelque temps un semblant d’existence digne de nos aspirations.
Irrévocables diables nous lançant dans l’arène, ces génomes n’y vont pas par le dos de la cuillère et se moquent bien de nos espérances.
Pour les plus démunis face à ce grand dilemme, quelques stratèges sont trouvés de temps à autre, quelques perles de débrouillardise leur faisant croire un instant qu’ils ont vaincu cette étrange sensation de ne pas être celui qu’ils voient dans la glace, de ne pas ressembler au monstre leur servant de père, ou à la méduse s’employant à jouer son rôle de mère.
Mais rares sont ceux qui parviennent à les évincer, car il faut être solide pour cela. C’est une guerre de tous les instants, un combat permanent et épuisant, sachant qu’en toute bonne logique, il n’y aura toujours qu’un seul vainqueur. Et il n’est pas nécessaire ici de le nommer.
Comme il serait bon, pour les plus résolus, de détenir une baguette magique capable de les extraire de l’arbre généalogique de leurs aïeux. Un rêve, une illusion qui, si elle peut paraître invraisemblable, se réalise exceptionnellement et ravit les cœurs les plus méfiants durant quelque temps, jusqu’à presque leur faire croire que tout ceci peut réellement exister, que ce combat peut être gagné.
Mais l’enchantement ne durera guère, car le sortilège chromosomique sera toujours gagnant.
De toutes les batailles, celle-ci est la plus grande et la plus laborieuse, la plus rude et la plus injuste, car elle ne fera jamais rage qu’à l’intérieur même des êtres en souffrance. Et le sentiment d’être seul ne sera jamais autant ressenti que dans ces moments-là.
Le plus souvent meurtris, ils mettraient leur vie entre les mains du premier venu leur promettant la lune. Une accalmie, un souffle mérité, un brin de sérénité dans ce grand fatras d’émotions, dans ce monde désenchanté qu’est le leur. Tout croire, plutôt que d’accepter cette vérité génétique.
Le mal-être qui en découle est un poison mortel qui malmène les chairs et se dilue dans les veines, une tumeur maligne rongeant sans vergogne tout bon sens et ressenti quel qu’il soit, un monstre se délectant de sa trompe immonde de nos vies, buvant jusqu’à la lie la clepsydre qui se vide.
Qu’ils soient un modèle ou une infamie, nos parents, vecteurs et pourfendeurs de la pérennité, restent et resteront toute notre existence ceux ayant commis la vie. Qu’ils l’aient invitée ou non, la magie opérera et laissera les plus malchanceux face à un destin bien frêle et chancelant, un avenir claudiquant et oscillant entre l’envie d’être flanqué de ses gènes et le besoin de se cacher, espérant taire à jamais, ou au moins quelques années durant, tous ces petits riens faisant d’eux les dignes héritiers d’une fortune dont ils auraient tant voulu être déshérités.
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 106 autres membres