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L'Aventure Intérieure

L'Aventure Intérieure

 

 

 

Parmi tant d’autres projets que je vous ferai découvrir, je peux vous parler de celui-ci, "L'Aventure Intérieure", que j'ai terminé et qui à la base était un travail photos/texte   « Laisse éclore les Bourgeons... » . Je l'ai retravaillé en version roman. Un beau pavé que j'envoie de temps à autre à une maison d'édition.

 

 

J’en profite pour faire de cette histoire singulière, un texte poignant et plein d'humour et qui je l’espère, verra le jour dans la planète de l’édition… Nous verrons bien…

 

 

 

Extrait :

 

 

 

Le soleil était au zénith et la lumière traversait les persiennes de son appartement lorsque Johanna émergea. Il faut dire qu’elle avait un peu forcé sur l’alcool et la marijuana, qu’elle consommait sans le moindre complexe face au vingt et unième siècle et toutes ses mises en garde et prohibitions s’additionnant chaque année un peu plus.

Elle releva les cache-yeux péniblement, racla sa gorge à plusieurs reprises en tâtonnant de la main son duvet, afin d’y trouver la télécommande de sa chaîne stéréo. Une fois pressée sur le bouton de commande, elle laissa le groupe Maroon Five distiller son rock psychédélique qu’elle aimait tant écouter lorsqu’elle avait le blues.  

 

Elle était encore animée de la rage du soir d’avant et si elle l’avait eu sous la main là, tout de suite, elle l’aurait étripé sans pitié, tant il la mettait hors d’elle. Mais qu’attendait-il d’elle finalement ? Pourquoi ce besoin sans cesse de fuir au lieu de se poser une bonne fois pour toutes et de repartir sur de nouvelles bases. Et pourquoi s’entêtait-elle à vouloir continuer une histoire n’ayant pas la moindre chance d’aboutir à quelque chose de constructif ?

Elle lui en voulait, oui. Lui en voulait de ne pouvoir l’aimer comme elle l’aurait souhaité. De ne pas lui laisser plus de place dans sa vie et de fuir à chaque fois qu’un acte ressemblait un peu plus à autre chose qu’à du sexe. Elle ne se rappelait même plus la dernière fois qu’il l’avait embrassée en public, où le jour où il lui avait pris la main dans un parc. Un vrai rustre. Certes, un peu moins farouche et goujat qu’avant, dressé sur ses ergots d’éminence grisonnante, Will se voyait acoquiné avec cette passion de routier qui le mettait au supplice depuis tellement d’années. Et ce n’est pas son aspect qui allait contredire ses pensées. Grand, un peu enveloppé et costaud comme un buffle, Will ne connaissait guère la finesse il est vrai, mais restait touchant par ses maladresses qu’il n’aurait jamais eues s’il avait été aussi sûr que ce qu’il voulait bien laisser transparaître au monde.

Johanna s’en voulait surtout à elle-même et à cette incapacité à tirer définitivement un trait sur ce couple qui n’en avait jamais vraiment été un. Mais durant lequel elle vécut avec  Will les plus belles années de sa vie. Les plus intenses, et elle n’incluait pas là-dedans le climat conflictuel permanent les dressant si souvent l’un contre l’autre.

 

Elle se traîna jusqu’à la salle de bain, poussa un cri de dédain en sentant son haleine, ouvrit le robinet et rinça sa brosse à dents avant de se les brosser vigoureusement.

 

Après une longue toilette et trois cafés serrés, elle alla ouvrir la porte d’entrée et invita son élève, un jeune garçon de treize ans, à venir s’asseoir juste à côté d’elle, afin qu’elle puisse le corriger au moindre faux trait. Après tout, elle n’était pas payée soixante-cinq dollars de l’heure pour laisser ses rejetons privilégiés devenir des tagueurs de seconde zone.

« On va dessiner des fleurs aujourd’hui, Sam. Ouais, des fleurs c’est bien. Des tournesols, ça le fera ! » finit-elle, en prenant une feuille blanche et en allant s’asseoir en face du garçon. Elle l’observa s’appliquer, avant que le regard de l’élève ne se pose sur son décolleté mal ficelé. « Espèce de p’tit vicelard ! Bien tous les mêmes ! » songea-t-elle, en crochant le dernier bouton de sa blouse et en reproduisant machinalement un croquis de Will, qu’elle zébra et fit disparaître à grands coups de feutre noir comme si elle voulait le rayer définitivement de sa vie.

Ses yeux s’embuèrent lorsqu’ils tombèrent sur la baie de San Francisco que sa fenêtre embrassait, et bien évidemment, sur Sausalito et ses house boats



22/01/2012
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