JURA, MA TERRE, MA GLAISE, MA CHAIR...
JURA, MA TERRE,
MA GLAISE, MA CHAIR...
Des très peu de choses dont je suis certain, c’est que la terre m’ayant nourrit ne peut être oubliée. Qu’elle soit tapissée de fleurs où d’un sable au goût de sang ; qu’elle renferme des démons où transpire la joie ; qu’elle soit aride ou humide, ma terre est ancrée dans mes chairs. Un petit bout de terroir m’ayant vu grandir, rire, courir et chanter ; crier, pleurer ou souffrir en silence. Une portion de glaise, de laquelle je me suis construit.
Quoi que l’on fasse, ou que l’on aille ; que l’on parte à l’autre bout du monde, se cacher dans les déserts les plus arides et les peuplades les plus primitives, ce goût de terre remonte en bouche, un beau jour et sans crier gare.
Pour les plus chanceux, on se gargarise des petits bonheurs et des moments heureux vécus avec ses proches. Pour d’autres, c’est un peu moins fortuné et chanceux. Un peu plus compliqué.
On a beau essayer de l’oublier, de la rayer de notre mémoire pour les plus radicaux, rien n’y fait. Toujours, nous serons envoûtés et ne pourrons réfuter cette attraction pour celle nous ayant enfantés.
J’ai eu la chance de grandir dans le Jura, une magnifique région, vivante, sauvage et accueillante. A l’image de ses habitants, et j’ai beau avoir traversé le monde à plusieurs reprises, non pas pour l’oublier mais juste pour fuir quelques démons, il reste gravé en moi des morceaux de calcaires, des parfums de forêts et le bruit des fourmilières des bois. Le cliquetis de la Birse, le bourdonnement des abeilles, le vent dans les sapins des Franches-Montagnes. Le galop des chevaux, les étangs et cette belle rivière qu’est le Doubs. Des villages comme Saint-Ursanne aux petites villes ou Bruntrutains et Delémontains s’affrontent toujours cordialement pour savoir qui mérite le plus, l’appellation et la renommée du vrai Jurassien.
Un monde fascinant inscrit dans ma mémoire, et m’appelant de temps à autres et peu importe où je sois, afin d’honorer les souvenirs qui en découlent.
Petit bout de pays bien trempé aux élans culturels préservés, il serait bien dommage, pour l’enfant que je fus et que je serai toujours de perdre pareil trésor.
Se départir de ses oripeaux après mille et mille images du monde me permettent aujourd’hui de voir le Jura sous un autre angle. J’ai même l’impression, que je le vois plus objectivement que ceux qui y sont restés, non pas que j’ai un sens de l’observation plus développé, mais tout simplement, parce que je peux comparer, parce qu’il m’a manqué à bien des reprises et parce qu’on ne peut se délester de ses origines. Quoi que l’on fasse et quoi que l’on dise, la terre de notre enfance, enluminée ou sombre reste et restera à jamais la mère de toutes les espérances, de toutes les convoitises et des rêves les plus fous sustentant nos desseins les plus exigeants. Il est normal que par moments, nous soyons rappelés à venir téter le sein de celle qui aura modelé nos destins. L’on ne peut réfuter ses racines, vouloir admonester à cette nourricière, moult déceptions ayant jonché notre parcours serait bien injuste, car cette terre, si elle peut s’associer à la douleur, la colère ou à de la déception, ne peut en aucun cas être responsable des querelles des hommes. Et ce, même si les caractères bien trempés ont été façonnés aussi, par cette entêtée, cette effrontée qui un beau jour, assura au monde entier que la liberté était le plus important.
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