T O U S D E S A N G E S

Extrait de ce roman drôle et questionneur, à télécharger gratuitement sur le lien ci-dessous : Le Poids des Gènes

Il comprit que l’allégresse serait toujours en conflit avec le spleen, et que malgré tous les efforts, surhumains pour certains, jamais il ne serait possible de peser ce qui rend le plus vivant.

Mais il en voulait également à cette mère aveugle qui, lorsque ça l’arrangeait bien, ne voulait aviser certains faits et gestes, pour ne pas perdre pieds, pour ne pas démolir cette image de ce qu’elle s’obstinait à appeler une famille. Un mot merveilleux, tout en douceur et en couleur.

Une formule magique à bien des maux pour la plupart du commun des mortels. Un paquebot d’illusion, son navire qu’elle tenait à flot, malgré les aléas, malgré les sévices du temps implacable, contre vents et marrées, contre les tempêtes les plus violentes et déroutantes.

Chavirer était tout simplement impossible pour cette mère obsédée par ce qu’elle pensait être une réussite. Et aussi puissamment était inscrit dans les chairs de Richard qu’il fallait se défaire de ses gènes, aussi vigoureusement madame Goldstein défendrait à cor et à cri cette embarcation qu’elle construisit d’un si dur labeur.

Le chantier de toute une vie, un bâtiment colossal, tout de blanc laqué, se jouant des éléments, un monument édifiant et défiant tous soupçons.

Une œuvre unique, merveilleuse et heureuse, pour le meilleur comme pour le pire. Et le pire, lorsqu’on détient telle philosophie, se veut être tellement plus supportable. À ce point tolérable, qu’elle en oublia presque le petit homme l’observant en catimini et se posant tant de questions existentielles, qui ne comprenait guère les rouages d’une telle machinerie, ni les contradictions ballottées par l’écume du sillage de ce navire si peu crédible en vérité.