T O U S D E S A N G E S

Destination

Si vous dites que vous allez en Grèce pour les vacances ou en Espagne, il n’y a en général aucune question étrange en retour, aucun regard si ce n’est d’envie et aucun langage non verbal nous traitant de fou.

SI vous annoncez aux vôtres aller au Galapagos et faire quatre escales pour s’y rendre, ce qui vous fait un voyage de 48heures, personne ne vous dira quoi que ce soit.

Si vous allez au fin fond de l’Amazonie au Brésil, au Qatar, même en Mongolie et en Islande, les gens trouveront plutôt ça cool.

Par contre, si vous dites que vous allez en Angleterre pour les vacances d’été, là, tout peut changer.

On a l’impression de ne plus faire partie du clan des bons, de faire fausse route voir d’aller tout droit dans l’antre d’Hadès.

Bref ! Vous l’aurez compris, suivant la destination choisie, les réactions vont être différentes, et l’Angleterre en est une qui ne laisse pas indifférent les gens.

Déjà de part ses autochtones que beaucoup d’Européens continentaux ne comprennent tout simplement pas, ensuite pour sa météo le plus souvent pluvieuse et changeante.

Ce n’est pas pour rien qu’on dit qu’il y a dans une journée les quatre saisons.

Cet été, non content de retrouver enfin ce pays m’ayant vu naître, je veux dire vraiment naître puisque j’avais dix-huit ans, j’ai fais la plus étrange expérience pré-vacances que l’ont peut imaginer du simple fait d’avoir choisi l’Angleterre comme destination.

Les regards interloqués et incompréhensibles auquel j’eus droit s’ils me firent sourire le plus souvent, n’étaient pas lancés pour çà, mais bien parce que les interlocuteurs entendant ma réponse ne comprenait pas ce que je leur disais ni mon choix.

L’Angleterre, et pourquoi pas la Sibérie. Enfin ce que ça laissait présupposer. Il y avait dans leur regard, comme un mélange de pitié-compationnellodédaigneuse.

C’est un peu comme si je venais de leur annoncer que j’allais partir six mois à Detroit, la ville en déclin et la plus sombre des USA ou dans un bidonville de Calcutta.
Quoi que pour cette dernière destination, j’y ferais du bénévolat donc rien à redire non plus. Non, ici c’est plus grave.

Un peu comme une de ces destinations inutiles, sur la fin de son règne, en berne la Reine et sa progéniture et bien pire encore.

Voilà qu’on tentait de me démonter mon rêve. « En Angleterre, mais ça va pas le chou ? » « T’es pas bien, qu’est-ce que tu vas faire là-bas ? » « Bonne chance pour la météo ! » et j’en passe et des meilleures.

Ne me laissant pas démonter, et tenant mon billet d’avion entre les mains, je tentai de faire bonne figure au début, et je changeai même de nom ma destination puisqu’il y en a plusieurs en l’appelant « Royaume-Unis » plutôt qu’Angleterre.

S’il y avait un petit temps de réaction me laissant un bref répits, elle n’était due qu’à leur ignorance ou leur mémoire flanchant, mais une fois trouvé ou se situe le Royaume, je retrouvais les mêmes regards incompréhensifs que ceux du départ.

J’avais beau dire que c’était beau, parler un brin nostalgique, je ne faisais et ne ferais décidément jamais envie à qui que ce soit avec ma destination.
Autant pour moi me songeais-je, en me disant que c’est tout ce qu’il y aura de moins sur les routes. C’était sans compter sur le soleil.

Tandis que tous ceux qui m’avaient traité de fou, qui m’avaient regardé comme un alien à deux têtes ou tenté de me dissuader se les pelaient sur leur plage du Sud tant le vent y était froid, je rougissais à vue d’œil, sur les falaises blanches de ce qui je rappelle juste au passage, reste une île, et le mot île contient toujours de l’exotisme et du soleil, qu’on soit sur un bout de rocher en Espagne, au Seychelles ou même en Alaska.
Comme quoi il ne faut jamais se fier aux apparences ni aux quant dira-t-on et se laisser surprendre, c’est tellement agréable…

Au retour, une bonne mine, le teint halé et les yeux brillants, lorsqu’on me demanda ou j’étais allé en vacances pour être autant en forme, je pris ma respiration, inspirai une brise du Sud de l’Angleterre et d’un fichu plaisir non dissimulé, répondu : L’Angleterre, deux semaines de beau et de découverte.

Tout ça pour dire : N’écoutez jamais trop les commentaires, ne prenez pas trop en compte les préjugés et les quand dira-t-on, n’écoutez que votre cœur, vos envies du moment et vous verrez que le reste suivra…