Dear Love
Cher amour, à moins que je ne doive dire chère amour, ton orthographe mettant toujours en doute mes facultés et mes dispositions à t’accorder le masculin ou le féminin... Je sais, pour avoir mis gratuitement à disposition mes textes sur des sites littéraires, que l’on n’enfreint pas les lois, qu’on crie très vite au sacrilège, dès que l’on s’éloigne d’un chouia du code de conduite et ses nombreux pièges orthographiques, mais au diable les préceptes et les cases dans lesquels on veut toujours tout classer. Ici, je m’entretiens avec toi, cher amour, et je ferai ce qu’il me plaît, te nommerai comme je l’entends que tu sois féminin ou masculin, peu importe, car la première chose que tu nous apprends sans doute, c’est de ne faire aucune distinction en ce qui concerne tes élans engagés, un peu fous il est vrai de temps à autre, mais nous rendant si vivants.
Oui, tu nous apprends dès notre plus jeune âge, en dépassant et en irradiant toute distinction (culturelle, religieuse ou de sexe) comme si c’était le seul et vrai message des nombreux apprentissages dont tu nous fais grâce au cours de notre existence...
À l’automne de ma vie et restant fringant comme un jeune pinson, je peux enfin écrire tout ce que tu m’apportas jusqu’ici et je l’espère, encore en bien d’autres occasions à l’avenir.
Pourtant ce n’était pas gagné nous deux. On en a traversé des déserts ou même assoiffés de tout ce que tu sais nous apporter, je n’aurai étanché ma soif d’aimer, tant je me méfiais de toi. Te rends-tu compte à quel point je me méfiais de toi et par quelle absurdité j’en fus peiné et consterné ?
Que l’on puisse rendre son enfant méfiant à ton égard uniquement parce qu’on n’a pas su te léguer par des gestes de la vie de tous les jours que c’en est absurde de penser que cela puisse arriver... et pourtant j’en suis un témoin vivant. Mais c’était sans compter sur ta pugnacité et tes incessants appels de phares émoustillant tous mes sens.
Mais pour me laisser apprivoiser, il a fallu quelqu’un bien sûr, car si l’on peut aimer seul dans son coin, ce qui nous entoure, les mots et la vie simplement, jamais ta présence et tes bienfaits ne se révèlent autant qu’avec une autre personne. Et peut-être est-ce plus jouissif lorsque tout n’est pas si simple, lorsque teigneux, on se rétracte, se contracte à ton contact pour rentrer dans sa carapace et se protéger de toi.
Mais revenons à toi, ô amour qui comme un être cher, sait si bien prendre soin de nous. Un être bienveillant nous construisant et nous permettant d’évoluer au gré de tes bons soins toujours prêts à nous extirper d’un malheur, qui si présenté tel quel, peut s’avérer bien moins dramatique, en t’ayant à nos côtés. Car tu peux nous permettre de tout supporter, y compris l’insupportable. D’accepter l’intolérable et l’insurmontable. Tu es cette petite lumière au bout du tunnel qui, si elle n’est qu’une lueur pour certains, leur permet d’avancer vers elle, en redoutant un peu moins les démons de la nuit tapis dans la pénombre et les recoins.
Oui, ce n’était pas gagné, cher amour, même si je suis ridicule en disant ceci, toi comme moi, savons de quoi je veux vraiment parler et les peurs que me fit endurer la vie dès que je pensais à toi. J’avais l’impression d’être un morceau de terre glaise qui ne demandait qu’à être formée avec soin et délicatesse. J’avais l’impression, en te craignant, que j’avais tout à apprendre... des autres, de moi et de la vie. Peut-être est-ce ce qui m’a permis de tant évoluer au cours de ma vie et d’ignorer l’existence même du mot : « stagner ». Un bien étrange mot m’étant si peu familier et si éloigné de ma façon de vivre. Un mot bien triste en vérité, ne te faisant pas peur, certes, mais enlevant la lumière des yeux de ceux qui l’épousent comme l’on éteint une ampoule ! Tu as beau les habiter, leur permettre de croire, qu’ils sont bons et semblent heureux, ils n’en restent pas moins et étrangement éplorées ou ce qui semble être abattu. Tandis qu’avec mes craintes et mes doutes que tu remplis pour chacun d’eux, j’ai toujours eu l’impression de monter les marches d’un escalier me permettant d’atteindre un sommet duquel découle toute ma vie. Duquel toutes mes actions et mes actes, découlent, me permettent d’être celui que j’aspire à être.
Quel dommage que les religieux n’insufflent pas plus ta tolérance et ton esprit d’ouverture, car tu es sans limites, au lieu de t’exploiter à des fins plus sombres et tellement plus discutables ! Je n’ai jamais compris tous ces gens voyant deux êtres s’aimer et leur en vouloir, les montrer du doigt ou les houspiller parce qu’ils n’entrent pas dans les schémas que telle ou telle religion nous dicte alors qu’elle prône tout et son contraire... de bien belles paroles, ne s’appliquant en vérité qu’à certains et pas à d’autres et montrant bien là les limites de la parole aux actes. Quelle étrange sensation que de constater tant de rancœur chez les gens alors que tu n’as jamais voulu que le bonheur de chacun, et ce, que ce soit en amour, en amitié ou simplement en quelques occasions !
Peut-être est-ce en ces derniers propos que mes craintes et mon apprivoisement se voient les plus bénéfiques, car jamais, ô grand jamais, ils ne m’ont autorisé à juger qui que ce soit pour indécence ou manquement au code moral. Ils m’ont permis de tordre le cou à tous ces superlatifs et ces critères si volatiles en vérité... mais la réputation ne se fait-elle toujours pas qu’au détriment des gens, à cause d’apparences, de propos ou de fantasmes si peu justifiés en vérité ?
J’ai échappé à tout ça, grâce ou à cause de mes peurs, je n’ai pas cédé à la facilité de juger en fonction de ce que disent les autres et n’ai point honte de trouver aussi beau l’amour des uns et des autres, sans distinction d’aucune sorte.
Du reste, que ne m’as-tu pas fait prendre comme décisions insensées uniquement parce qu’au fond de moi, tu estimais que c’était celles qu’il fallait prendre ? Qui ne m’as-tu pas fait aimer, malgré mes réticences ou mon ignorance à les aimer ? Dans quelles situations ne m’as-tu pas impliqué, me mettant en soit dit danger ?
Tout, pourvu que tu existes et transpires par tous les pores. Je voulais te sentir dans mes moindres vaisseaux, je voulais t’inspirer à chaque souffle, te ressentir à chaque instant comme le témoin du vivant que j’étais et suis toujours. Tu as été ce compagnon fidèle me permettant de moins appréhender la solitude et me rassurer dans la foule. Celui qui a donné tant et tant sans jamais rien demander en retour et peut-être est-ce en cela, que ta présence perturbe tant et bien plus encore en cette période où il n’y a que le rendement et la performance, qui semblent avoir vraiment de l’importance. Avec toi, le mouvement perpétuel est en marche. L’énergie gratuite immédiate et sans fin.
Tu es sans le moindre doute la sensation qui aiguise les plus grandes convoitises et rebute les plus sombres desseins. Celui qu’on comprend le moins alors qu’il n’y a qu’à se laisser porter. Qu’on souhaite le plus museler alors que tu es imprenable. Qu’on regrette toujours aussi amèrement une fois que tu nous abandonnes et qu’on croit devoir faire le deuil de tes bienfaits à jamais, alors que tu peux nous faire signe le même jour et nous démontrer par ta présence obsessionnelle que le mot impossible n’est jamais qu’un mot et que tout mot peut avoir bien plus d’un sens à son arc.
Oui cher amour, tu m’as chéri, tu m’as gâté, tu m’as béni tant de fois en m’épousant ou plutôt, en me laissant te courtiser. L’espace d’une fulgurante amourette ou d’un amour incommensurable, que je ne peux en mesurer tous les bienfaits !
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