Dans les forêts de Sibérie de Sylvain Tesson
Dans les forêts de Sibérie est un récit autobiographique de Sylvain Tesson publié le 1ᵉʳ septembre 2011 et ayant reçu le prix Médicis essai la même année. Éditions Gallimard
J'ai lu avec plaisir ce livre de Sylvain Tesson. Fort bien écrit il y décrit une nature brute et vraie. Il la peint avec ses mots beaux comme un peintre créerait un paysage sur sa toile. Un livre fort, avec des valeurs qui ne m'ont pas laissé indifférent et que mon Manipularium se voit épouser, notamment pour les passages de la décroissance et le rapport au monde, à la nature. Très beau style, ce récit m'a emporté dans les grands espaces de Sibérie et m'a fait vivre un voyage intérieur des plus passionnants. Je mets ci-dessous quelques passages afin de se faire une idée. En tous les cas et même s'il l'écrit en 2011, je dis BRAVO à Sylvain Tesson pour cet objet littéraire ayant pour le coup, bien mérité son prix Médicis.
Extraits :
"22 février
Les théoriciens de l'écologie prônent la décroissance. Puisque nous ne pouvons continuer à viser une croissance infinie dans un monde aux ressources raréfiées, nous devrions ralentir nos rythmes, simoplifier nos existences, revoir à la baisse nos exigences. On peut accepter ces changements de plein gré. Demain, les crises économiques nous les imposeront.
La décroissance ne constituera jamais une option politique. Pour l'appliquer, il faudrait un despote éclairé. Quel gouverneur aurait le courage d'imposer pareille cure à sa population ? Comment convertirait-il une masse à la vertu de l'ascèse ? Convaincre des millards de Chinois, d'Indiens et d'Européens qu'il vaut mieux lire Sénèque qu'engloutir des cheeseburgers ? L'utopie décroissante : un recours poétique pour individus désireux de se conformer aux principes de la diététique.
La cabane est un terrain parfait pour bâtir une vie sur les fondations de la sobriété luxueuse. La sobriété de l'ermite est de ne pas s'encombrer d'objets, ni de semblables. De se déshabituer de ses anciens besoins.
Le luxe de l'ermite, c'est la beauté. Son regard, où qu'il se pose, découvre une absolue splendeur. Le cours des heures n'est jamais interrompu (sauf l'accident d'avant-hier). La technique ne l'emprisonne pas dans le cercle de feu des besoins qu'elle crée".
"Sur la page d'après je lis qu'une mésange porte le nom de "mésange lugubre". La visite du petit animal m'enchante. Elle illumine l'après-midi. En quelques jours, j'ai réussi à me contenter d'un spectacle pareil. Prodigieux comme on se déshabitue vite du burnam de la vie urbaine. QUand je pense à ce qu'il me fallait déployer d'activité, de rencontres, de lectures et de visites pour venir à bout d'une journée parisienne. Et voilà que je reste gâteux devant l'oiseau. La vie de cabane est peut-être une régression. Mais s'il y avait progrès dans cette régression ?"
Un film à été réalisé cette année d'après le livre. Voici la bande annonce.
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