Critique Larmes Sèches, Repère Social
REPERE SOCIAL
«Larmes sèches»
Didier Leuenberger, auteur suisse, se raconte à la première personne, à travers le regard d'un enfant. Le récit, quelque peu romancé, est poignant. Il lui a servi de thérapie. On est projeté dans un univers chargé de violences conjugales, où l'enfant nomme froidement son père par son prénom et sa mère, affectueusement «ma Suzy». Lorsque les coups pleuvent, on se surprend à se sentir tout petit aussi, à avoir mal au ventre comme lui, à percevoir le monde à son échelle. On a envie de se cacher avec lui derrière la commode, de ne pas entendre ces coups et ces cris. A travers des mots teintés d'incompréhension face aux relations de ses parents, l'ancien petit garçon exprime avec justesse et clairvoyance son malaise de devoir faire semblant, d'être obligé de montrer aux autres qu'ils sont une vraie jolie famille, alors qu'à la maison ce ne sont qu'insultes et bagarres. Bien sûr on devine en filigrane une réflexion d'adulte à travers l'écriture, mais le ton sonne juste. La perception, les émotions, les questions de l'enfant sont empreintes d'authenticité. Il nous fait partager son optimisme, ses rêves et son monde secret, qui lui ont permis de grandir et de s'épanouir.
Aujourd'hui, cet homme d'une quarantaine d'années est cuisinier diététicien et travaille dans un foyer pour jeunes filles en difficulté.
Faisant état de chiffres alarmants sur les femmes victimes de maltraitance - plus de 3000 Suissesses violentées chaque année - Didier Leuenberger dédie ce livre à tons les enfants témoins de la violence entre leurs parents, mais bien en peine de comprendre et d'interpréter ces gestes alors qu'on
leur a fait croire qu'ils étaient «le fruit d'une soit disant union, d'un couple, de ce qu'on appelle une famille» .
Repère social Juliane ROBERT-GRAND PIERRE
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