CES MONSTRES QUE L'ON AIME DETESTER
Ces Monstres qu’on adore détester
Ils sont beaux ces monstres que l’on déteste. Emplis d’une énergie folle dont nous semblons accrocs et dépendants. Tout en démesure, excentriques et excessifs. On aime à les détester, casser du sucre sur leur dos et leur faire porter le chapeau pour maintes et maintes difficultés vécues et autant de misères.
Nous adorons nous mettre en porte-à-faux, face à ces démons vivants, ces vampires nous aspirant jusqu’à nos dernières défenses retranchées dans les méandres de nos âmes en peine. Ces scélérats, ces malfrats, ces sadiques, ces pervers narcissiques ou pas ! Ils en imposent ! Savent s’affirmer et taper du pied pour nous remettre à notre rang de soumis. Nous la petite souris face à ce grand méchant chat nous tenant entre ses griffes. Un jouet merveilleux le faisant briller dans le monde et prendre de l’importance. Et plutôt que de nous révolter, nous admirons ces cancrelats nous tenant la tête dans la vase. Nous les vénérons même pour certains. Les tenons pour nos maîtres incontestés que nous ne saurions contrarier. Aucune mutinerie en vue, aucune contestation en leur endroit, mais que nous détestons en silence. Dans la pénombre, loin de leur regard et de leur attention, nous aimons les vomir méchamment. Vilains que nous sommes, nous pouvons nous découvrir plus ignobles que ces monstres, car le ressentiment enduré à leur égard n’est un secret pour personne mais pas question de l’assumer ouvertement. Trop bien d’avoir son monstre nous faisant des misères. La vie s’en trouve autrement plus intéressante, plus nuancée voir colorée. Quel bonheur, même si nous baissons la tête en retenant nos larmes, de maudire ces sauvageons, ces casseurs de rêve. Nous rouler dans la victimisation sans rougir est une ivresse que nous chérissons, avouons-le, car nous ne sommes jamais aussi vivants qu’en ces moments de terreur.
Oui, nous les adulons ces monstres nous rendant la vie dure et adorons rester dans leur ombre.
On les chouchoute, même dans toute l’horreur que cela peut nous mener, et jusqu’à l’ivresse, tant on y met du cœur à l’ouvrage. On les déteste, on les haie, les maudit et les abhorre, et cela semble nous rendre terriblement vivant.
Qu’ils soient beaux, moches, ténébreux ou fiévreux, ils bousculent notre train-train, nos principes us et coutumes. Nos certitudes qui d’un seul regard, peuvent être balayés par cet effrayant personnage semblant diriger notre vie à la baguette.
Le plus souvent impuissant face à eux, on ne cherche pas vraiment de solution quant on y pense et entretenons une relation fort ambiguë avec ces sans-cœur, ces bourreaux, ces tyrans n’hésitant jamais à trancher dans le vif.
On a beau se cacher de leur donner le bâton pour qu’ils nous frappent, on ne peut s’empêcher de recommencer et recommencer.
Il arrive parfois, que certains d’entre nous s’affranchissent de leur monstre, non sans une certaine appréhension, car ce qui est connu est toujours moins angoissant que ce qui ne l’est pas. L’inconnu n’est-il pas cette falaise qu’il nous faut sans cesse longer en équilibre et le souffle coupé…
Mais une fois vaincu, une fois au même niveau que son despote, la victoire peut avoir des relents emplis d’estime et de magie tant le voyage pour y arriver fut intense et périlleux. La victoire n’en sera que plus retentissante, et l’assurance d’avoir été dompté, même par le plus grand manipulateur qui soit, n’en enlève pas moins de sa superbe au fait d’avoir vaincu ce rustre et de préférer la cicatrisation à l’acharnement d’agrandir des plaies se délectant de nos certitudes.
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