T O U S D E S A N G E S

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Y a toujours pire (ailleurs) !

Y a toujours pire (ailleurs) !

 

Ça nous fait une belle jambe me direz-vous, mais en attendant, cette toute petite phrase (Y a toujours pire (ailleurs)!) Permet d’avancer à nombres d’entre nous.

Fâcheuse tendance à baisser les bras ? Voilà un moyen efficace de se rassurer que notre sort n’est pas si terrible ou dramatique qu’il y paraît, car il y a toujours pire ailleurs. Pire ailleurs. Pire chez les voisins ou les collègues. Pire que ce qu’on vit ou ce qu’on endure, que son état de santé psychique ou physique, que son statut professionnel ou social… Serait-ce de la résiliation latente ? Pas tout à fait, ceci dit, cela permet aux adeptes de cette formule choc de rebondir et de se sortir de situations plutôt critiques et pénibles. Un miracle alors… Et pourquoi pas.

Trêves de plaisanterie, les « Y a toujours pire ailleurs ! » Bien qu’ils paraissent positiver dans les pires situations se passeraient volontiers, je pense, d’un tel stratège pour avancer en évitant au mieux les bobos.

Mais si cette phrase a pu m’énerver pour l’avoir trop entendue lors de mon enfance, je dois bien admettre et me voici bien placé pour en témoigner, que cette phrase fut presque magique pour une maman le plus souvent aux abois et quelque peu esseulée.

Comment fait-on, pour se convaincre de la sorte que c’est mieux chez nous et que c’est pire ailleurs ? Ceci a toujours été un grand mystère pour moi, et source de contrariété et de frustration, car, n’est pas adepte de la formule qui veut. Pour les combattants, les battants et les rebelles, utiliser pareil stratège pour vivre en toute dignité revient à cacher la merde au chat, et excusez mon langage quelque peu brutal. Point de jugement ici, je ne me le permettrais pas. Mais je constate juste les effets d’un sortilège merveilleux au premier abord, puisqu’il sauve nombre de vie et je pèse mes mots, mais à quel prix.

Tout pouvoir amène de lourdes responsabilités. Manier une telle phrase au cours de sa vie, l’imposer même à ses tiers, son mari ou pire, ses enfants, est un trompe-l’œil qui peut nous revenir dans la figure, des années plus tard. Car il y a un prix, comme à chaque fois que nous utilisons la supercherie ou tentons de duper l’entourage pour ne pas perdre la face.

 

reflet

 

Ceci dit, le monde ne semble pas trop mal s’en sortir au vu de ce que j’ai pu observer tout au long de mon existence.

Les vies défilent et le stratège persiste et signe, permettant à quelques-uns à terre, de se relever et marcher la tête droite, dans un monde où tout est tout le temps analysé et si bien structuré.

Oui, si cela peut sembler miraculeux ou en tous les cas utiles à nombres de gens quelque peu perdu en une période de leur vie leur semblant bien terne, il ne faut jamais oublier qu’utiliser à outrance une formule qui marche et permet d’avancer, peut nous éloigner insidieusement d’une réalité que nous perdons de vue avec les années.

Ne voir que ce qu’il nous paraît le plus supportable est sans le moindre doute un magnifique pansement de l’instant présent, mais il ne faut jamais oublier qu’un jour, il faudra le retirer et constater les dégâts : une plaie purulente ou cicatrisée, c’est selon. Il n’y pas de panacée, pas de miracle, pas de formule non plus, juste une réalité difficilement supportable à nos yeux, que nous voudrions et cherchons à évincer pour protéger les nôtres, au détriment du bon sens, de nos propres attentes, de notre existence-même.

 

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©  Didier Leuenberger - Tous droits réservés.      



09/10/2016
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