T O U S D E S A N G E S

T O U S         D E S          A N G E S

MAGNIFIQUE DESSIN DE DELPHINE L'ELEPHANTE

 

MAGNIFIQUE BOULOT DE MARGOT EKOLI QUE JE REMERCIE D'ÊTRE AUSSI INSPIREE POUR CETTE HISTOIRE... POUR CEUX QUI NE LA CONNAÎTRAIT PAS ENCORE EN VOICI UN EXTRAIT, MAIS C'EST UN TEXTE QUE JE SUIS EN TRAIN DE REECRIRE...

L'ELEPHANTE DESSINNEE CE-DESSUS REPRESANTE DELPHINE, UNE PUISSANTE MAGICIENNE VICTIME D'UN SORTILEGE ET TRANSFORMEE EN CE MAGNIFIQUE ANIMAL PAR LES FORCE DU SEIGNEUR DES TENEBRES.

 

 

EXTRAIT:


La parole du sorcier

 

                       

 

 

                       Il éleva le bébé au-dessus de sa tête, afin que tout le monde le voie. « C’est le mal ! » lança-t-il en faisant cliqueter un grigri de l’autre main, les yeux brillants et injectés d’alcool. « Celle par qui le malheur s’abattra sur nous, je vous le dis ! » continua-t-il, en secouant de plus en plus Blanche, hurlant de toute sa voix et se débattant tant bien que mal, mais bientôt, elle ne fut plus tenue que par un pied, la tête à l’envers, ses cheveux roux retombant et mis en évidence comme le coupable désigné de ce qui s’annonçait de pire pour l’avenir. « Regardez comme elle est blanche ! Regardez comme ses cheveux sont rouges ! Regardez comme elle vous observe ! Ce n’est pas l’œil d’une enfant je vous le dis ! C’est celui du mal absolu ! Dois-je vous rappeler que c’est la fille du sorcier Boukou ! » finit-il, en allant d’un bout à l’autre de l’assistance afin que tout le monde puisse remarquer l’étrange couleur du bébé. Tous poussèrent un cri d’effroi à l’écoute de ce nom sorti des méandres de la mémoire collective, et reculèrent de deux pas, les souvenirs les ramenant quelques années en arrière. Des années de grands malheurs et de famine.

 

Blanche devenait de plus en plus bleue. Sa maman avait beau crier, le sorcier ne l’entendait pas. Il continuait de secouer son bébé, en espérant ainsi, la faire redevenir noire, mais plus les secondes s’écoulaient, et plus le bébé se teintait d’un bleu critique. Il toussait à présent, s’étouffait devant une maman à genoux et implorant qu’on épargne sa petite fille. En pleurs, les mains jointes, elle se jeta aux pieds du sorcier en le suppliant.

 

Il se défit d’elle en la repoussant violemment. Elle roula dans la poussière, se tourna vers les autres, les yeux noyés de larmes et les implorant delui venir en aide, mais personne ne tendit une main. Ils l’évitèrent comme si elle était porteuse d’une maladie contagieuse.

« Vous savez tous que Boukou ne fut en rien responsable de ce qui est arrivé ici ! Boukou n’a fait que le bien ! » tenta-t-elle d’expliquer, mais les têtes se détournèrent d’elle, les regards comme hypnotisés par le monstre, la seule et unique responsable du prochain fléau à venir. Tous demandèrent qu’on l’élimine sans attendre, voyant que le bleu de sa peau ne deviendrait jamais noir.

 

Lorsqu’elle entendit la foule en délire, la maman de Blanche eut un haut le cœur. Elle se releva, courut comme une damnée vers le sorcier lorsqu’il voulut la lâcher dans le puits d’où d’étranges sons provenaient, le bousculant et le jetant à terre en rattrapant de justesse sa fille qu’elle serra de toutes ses forces dans ses bras.

Les villageois l’encerclèrent dangereusement, tandis que le sorcier se relevait en la montrant du doigt. Heureusement que ses autres enfants ne voyaient pas cela, songea-t-elle, en reculant toujours plus.

« Qu’on nous donne un signe ! » implora le sorcier, les bras levés au ciel. « Un signe ! » répéta-t-il, en se tournant vers la foule en délire tandis que d’étranges et menaçantes ombres débordaient du puits. Les spectres firent crier de peur les villageois, figés, paralysés par le spectacle.

 

Gdalée regarda derrière elle le précipice menant à la rivière et aux crocodiles, elle ne l’oubliait pas. Si elles tombaient, aucune des deux ne survivrait à cette chute.

« Un signe ! » hurlait de plus en plus fort le sorcier, les yeux injectés d’horreur et brillants dans la nuit. Les spectres l’entouraient tout autour de lui comme une cape et faisaient mourir la plus petite herbe aux alentours et même au-delà. Le moindre insecte, la plus insiginfiante plante se voyait mourir sous l’ombre de ses étranges spectres maléfiques.

 

Gdalée avait un pied dans le vide. Elle jaugeait le précipice dans la pénombre, comptait les chances de s’en sortir avec un bébé dans les bras, glissant sur cette terre toujours plus friable.

 

Au moment où elle crut tomber en s’imaginant la fin, un éléphant fit irruption entre elles et le reste du village, se dressant sur ses deux pattes arrières de toute sa grandeur et menaçant de sa trompe et de ses énormes pattes.

 

Tous hurlèrent d’effroi et reculèrent en courant, laissant seul à son destin le sorcier Ptika et sa magie sombre, reculant pas à pas, mais n’osant courir, de peur qu’on ne le croie pas plus sorcier que le plus abruti des macaques. Les spectres doublèrent en poussant un cri sortit des entrailles de l’enfer semblait-il.

 

Le pachyderme rua comme un cheval et se laissa retomber sur ses deux pattes avant. Le choc fut si violent, qu’une déflagration retentit, soulevant de la poussière à moins que ce ne fût de la magie. Les spectres semblèrent s’enrouler les uns aux autres comme une bobine de ficelle, pour terminer leur course là d’ou ils étaient venue.

Ptika, faisait clinquer ses grigris devant la trompe du monstre, mais reculait d’un pas toujours plus pressant. Gdalée en profita pour s’agripper à la queue de l’animal, alors qu’elle croyait être perdue. L’éléphant la tira jusqu’à ce qu’elle soit en sécurité, se tourna vers elle, et le plus naturellement du monde se mit à parler : « C’était moins une ! Heureusement que Delphine est arrivée ! » lança l’éléphante devant les yeux ébahis de Gdalée n’en croyant pas ses oreilles.

 

L’animal repoussa le sorcier au bord du puits, et, avant même qu’un souffle ne soit émis par le plus jeune des curieux étant revenu prudemment voir ce qui découlait de cet affrontement, le sorcier tomba dans le vide emportant avec lui les spectres lâchant un cri de terreur.

 

Delphine vint se placer devant la foule, en ne les quittant pas du regard. Tous retinrent leur respiration, sentant leur cœur battre comme un tamtam dans leur poitrine.

L’éléphante se tourna vers Gdalée et Blanche, s’en retourna vers les villageois, sembla leur parler par la pensée, puis s’en alla aussi mystérieusement qu’elle survint au village.

 

Les soupirs de soulagement résonnèrent jusque dans les huttes les plus éloignées, et tandis que Ptika remontait du puits, trempé jusqu’aux os, la foule se détourna de lui, lançant un regard tolérant à la maman et son bébé, mais pas plus aimable, montrant par là qu’elle ne serait jamais acceptée comme l’une des leurs.

 

Gdalée regarda le vide derrière elle, expira de soulagement en berçant son bébé, reprenant aussitôt sa pâleur d’origine.  

 

Apaisée, elle rejoignit la hutte familiale où l’attendait son frère Fitibaka entouré des autres enfants tremblant encore de toute l’horreur qu’une telle soirée aurait pu engendrer.

Elle savait que les années les plus difficiles étaient encore à venir pour Blanche. Mais également pour ses frères et sœurs ainsi que tous ses proches ayant côtoyé de près ou de loin, son disparu mari Boukou, celui qu’elle aimait tant et tant…

 

 

 

 

 

 

 

 



30/07/2012
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