T O U S D E S A N G E S

Après

Après cet échec que je savais inévitable et la déception que je ne peux réfuter, je reste optimiste, comme si je n’arrivais à éprouver ma douleur. De la douleur. Une autoprotection que j’ai affûtée, à n’en pas douter, avec les années. Avant même d’entendre parler de résilience. Je transforme le scepticisme en dérision. La souffrance en expérience capable de me faire rebondir. De trouver une force incroyable dans la difficulté comme s’il n’y avait qu’elle, réellement habilitée  à rendre la vie palpitante. De feindre au lieu de se plaindre. D’apprendre au lieu de se braquer. Bref ! De rire au lieu de pleurer.

Est-ce à cause de cette certitude que la vie doit continuer coûte que coûte ? Quoi qu’il arrive. Ou simplement cet esprit du sourire, quoiqu’il advienne. Du soleil. Ce soleil que ma chère petite maman sut tant me léguer.

Je réalise combien j’utilisai déjà ce procédé dès mon plus jeune âge, d’abord à des fins de survivance, puis, le temps cicatrisant les blessures, à des fins d’adaptation. Et je dois bien avouer en toute modestie combien ma faculté d’adaptation me subjugua en voyage. Combien elle me subjugue encore au retour.

Alors, je commence à aimer me mettre dans des positions de plus en plus inconfortables, uniquement pour voir comment je vais m’en sortir. Je vis et regarde la vie en spectateur. Comme si je n’y participais pas vraiment, l’humour épousant tous mes actes et me permettant un certain détachement. L’humour, ce sauveur, capable des prouesses les plus invraisemblables et paraissant avoir le pouvoir de guérir les douleurs les plus profondes. Est-ce une utopie, un faux semblant, une belle illusion bien décidée à exister ? Chaque clown n’a-t-il pas une larme qui menace de tomber ?

Je suis comme un inventeur fou désireux de tester sa création. À tout moment et de plus en plus. Sans but forcément. Juste pour regarder fonctionner cette merveilleuse machine humaine, si je peux m’exprimer ainsi. Efficace, et tellement imprévisible.